Fragments de H. H.-D. (007)


Hier Schrödinger a fait sa réapparition à la Division, mais dans quel état ! On dirait qu'il a pris dix ans en trois mois. Le superviseur est un homme d'une cinquantaine d'années à l'allure plutôt athlétique, mais maintenant ses traits se sont creusés, ses cheveux sont devenus gris et clairsemés. Naturellement ce changement n'a échappé à personne et la Division bruisse de rumeurs à propos de son état de santé. Mon collègue Berthier affirme tenir de bonne source qu'en fait de congrès Schrödinger rentre d'un séjour à l'hôpital. Marie Di Luca se dit persuadée qu'il a contracté un virus à l'étranger. Personnellement ces conjectures me laissent un peu sceptique. Si, incontestablement, le superviseur semble avoir vieilli de façon inexplicable, son teint et son allure ne sont toutefois pas ceux d'une personne malade.

   Réunion non prévue l'après-midi avec des représentants de la Division de la conservation : à l'ordre du jour d'obscures questions d'harmonisation des normes d'archivage. Schrödinger était présent, il est resté muet. J'avais, évidemment, une furieuse envie de lui demander des éclaircissements à propos de Bioy Casarès, Blanqui et tout le reste. J'ai donc tenté de l'aborder à la sortie, le regard qu’il m’a adressé m'en a dissuadé. Dans la soirée, j’ai reçu à mon domicile un courrier électronique de lui m’informant qu’il reprendrait contact avec moi prochainement.

   H. H.-D.
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   Ci-joint une photographie sur laquelle figure Schrödinger, parue dans le quotidien La République il y a un peu plus de deux ans, à l’occasion de la prise de fonctions du commissaire d’Etat Castel.



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